L’essor d’Internet transforme chaque interaction en un acte de communication, offrant aux citoyens des espaces d’expression, parfois anonymes. C’est dans cette dynamique que L’ObSIC a écrit l’une des premières études scientifiques consacrées aux discours numériques du chroniqueur anonyme béninois « Frère Hounvi ». L’étude publiée dans le troisième numéro de la Revue MINERVA NAUKA.KOM (décembre 2024), explore les stratégies de communication et de persuasion utilisées par ce personnage masqué pour séduire le cyberespace.
« Discours numériques et séduction de l’e-espace public : analyse de cas du chroniqueur masqué « Frère Hounvi » au Bénin » est le titre de l’article. Cet article scientifique est le fruit d’une recherche collaborative menée par Yannick Tchango, attaché de recherche à l’Observatoire des Sciences de l’Information et de la Communication, Dr Wenceslas Mahoussi, maître-assistant du CAMES et enseignant-chercheur à l’Université d’Abomey-Calavi et Eugène Allossoukpo, docteur en information, communication et médias.
Ce travail de recherche scientifique est une étude approfondie de comment « Frère Hounvi », un chroniqueur anonyme et opposant béninois utilise les services internet pour amener les internautes à le suivre. L’objectif de cette étude est d’explorer les mécanismes par lesquels le chroniqueur masqué et opposant politique béninois « Frère HOUNVI » parvient à capter et à maintenir l’attention de son public en ligne. « Il s’agit spécifiquement d’identifier en premier lieu les plateformes numériques, notamment les réseaux sociaux, utilisées par « Frère HOUNVI » pour diffuser son discours numérique. Ensuite, analyser les motivations qui incitent les abonnés de « Frère HOUNVI », en particulier sur Facebook, à s’engager avec son contenu. Enfin étudier les discours du chroniqueur anonyme et opposant politique béninois « Frère HOUNVI » pour l’identification des stratégies discursives par lesquels il parvient à capter et à maintenir l’attention de son public en ligne. », mentionne l’article. Pour atteindre leurs objectifs, les auteurs ont adopté une méthodologie en plusieurs étapes. Tout d’abord, ils ont identifié et suivi de près les interactions sur les différents canaux numériques utilisés par « Frère Hounvi » pour diffuser ses discours.
Ensuite, un échantillon de six (6) chroniques a été sélectionné aléatoirement parmi les 170 disponibles sur Facebook. Ces chroniques ont été codifiées, auditées et transcrites pour constituer le corpus nécessaire à l’analyse. En parallèle, un échantillon de 100 abonnés a été tiré au hasard et invité à répondre à un court questionnaire via Messenger, avec un taux de réponse de 80 %. Les données recueillies ont été analysées en s’appuyant sur la théorie des médias sociaux de Kaplan et Haenlein (2010) ainsi que sur les techniques de persuasion élaborées par Cialdini (1984).L’analyse des résultats présentés par cette étude montre que le chroniqueur anonyme béninois « Frère Hounvi » utilise Facebook, WhatsApp et YouTube pour diffuser un contenu captivant et percutant. Il applique les six techniques de persuasion de Cialdini (1984), à savoir la réciprocité, la rareté, la sympathie, la preuve sociale, l’engagement, la cohérence et l’autorité, afin de séduire son public. Ces méthodes sont particulièrement efficaces grâce à un langage hautement publicitaire qui capte l’attention et crée une relation étroite avec son public.
L’étude met également en évidence que le discours de « Frère Hounvi », d’un niveau soutenu, vise à toucher les élites du pays, considérées comme des leaders d’opinion au sein de leurs communautés. Ce choix stratégique renforce l’impact de son message et lui permet de s’imposer comme une voix influente dans l’espace public béninois. « L’une des caractéristiques distinctives de son discours réside dans sa capacité à jongler entre critique sociale acerbe, humour et dérision, tout en mobilisant des références culturelles et politiques familières à son audience.
Il opère ainsi une articulation subtile entre le local et le global, entre tradition et modernité, qui séduit un large pan de la population béninoise, particulièrement les jeunes » peut-on lire dans l’article. Les résultats présentés par cet article ouvrent la voie à une réflexion plus large sur l’influence du discours numérique dans les sociétés contemporaines. Ils soulèvent des enjeux cruciaux sur la puissance des médias sociaux et leur rôle dans la transformation des dynamiques sociales et politiques.
Faut-il le souligner, la revue MINERVA NAUKA.KOM est une revue à comité de lecture, spécialisée dans le champ disciplinaire des Sciences de l’Information et de la Communication. Elle est éditée par le Laboratoire d’Etude des Médias, de l’Information et de la Communication (LEMIC) de l’Université d’Abomey Calavi. Elle publie semestriellement (juin et décembre) des articles scientifiques notamment les résultats de recherche originaux, des réflexions analytiques et critiques et des notes biographiques dans les domaines liés à l’Information et à la Communication. Elle est dirigée par Jean-Euloge GBAGUIDI, Ph-D, Professeur Titulaire des Universités du CAMES, enseignant-chercheur à l’Université d’Abomey-Calavi au Bénin. La revue MINERVA NAUKA.KOM est un instrument de développement des Sciences de l’Information et de la Communication en Afrique et dans le monde. Dans ce cadre, elle se donne pour objectif de documenter les informations nouvelles ou nécessaires qui serviront non seulement de guideline aux chercheurs, enseignants-chercheurs et doctorants mais seront de véritables outils d’aide à la décision pour les décideurs politiques, les PTF et les professionnels du domaine des Sciences de l’Information et de la Communication.
Fiacre Awadji
