Drabo, un quartier de Togba dans la commune Abomey-Calavi, a vibré et continue de vibrer au rythme de gangan et de gbon accompagné des danses de Egungun. C’était en l’honneur à Djaye Bankole Adjédjomon, ancêtre de la la famille Kpataclo À travers des danses mystiques, des chants rituels et des spectacles fascinants, l’événement a captivé une foule nombreuse et enthousiaste.
Comme dans de nombreuses familles au Bénin, le souvenir des ancêtres occupe une place essentielle dans la culture. Ainsi, à Drabo, la famille Kpataclo perpétue cette tradition en organisant la sortie de la divinité Egungun, qui symbolise les esprits collectifs des ancêtres disparus. Cette année, l’hommage rendu à Djaye Bankole Adjédjomon a pris une ampleur particulière, renforçant encore le lien entre le passé et le présent.

Dès le samedi matin 8 mars 2025, alors qu’il sonnait à peine 9h, une effervescence inhabituelle s’est emparée du quartier. Après les rituels préliminaires, les revenants encore appelé « couvitô » ou « Kluitô » en Fon ont fait leur apparition, certains ont même parcouru plusieurs kilomètres pour rejoindre Drabo. On dénombrait une quarantaine.
À leur entrée en scène, les Egungun ont subjugué l’assistance avec leurs chants mystiques et leurs danses acrobatiques. Leurs tenues, richement ornés de bandes de tissus multicolores, de perles et de cauris, reflétaient à la fois la splendeur et le mystère de cette tradition ancestrale.
Par ailleurs, les sons envoûtants des tam-tams accompagnaient leurs mouvements, créant une atmosphère où le sacré et le spectaculaire se mêlaient harmonieusement. Les guides, appelés « malios », veillaient scrupuleusement à ce qu’aucun spectateur ne touche les Egungun.
Une foule en liesse
Le samedi, à 17h, après une courte pause, le grand spectacle a atteint son apogée. Entre danses effrénées et courses-poursuites entre Egungun et spectateurs, l’animation était à son comble comme ça été le cas pour les spectacles d’Egungun. De loin, l’émotion était palpable. Les applaudissements nourris, rires et cris d’émerveillement fusaient de partout.
Le lendemain, à la même heure, la magie a opéré de nouveau. Ainsi, Drabo s’est transformé en un gigantesque théâtre à ciel ouvert, où se mêlaient les traditions et la ferveur populaire.
Faut-il le souligner, au-delà du spectacle, la sortie des Egungun rappelle que, chez les Kpataclo comme dans de nombreuses communautés béninoises, les morts ne sont jamais vraiment partis. Comme le dit un autre proverbe africain : « Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse glorifieront toujours le chasseur ». Cela signifie que chaque peuple doit préserver et transmettre son patrimoine culturel.
Enfin, rappelons que les manifestations se poursuivent jusqu’à jeudi, à l’exception du mardi où aucun programme majeur n’est prévu.
N. Faboladji Abèrèkéré