Spécialiste du 800m, Noélie Yarigo est une athlète hors pair. Son histoire et son parcours professionnel forcent admiration et respect. Retour sur la vie et le parcours de cette légende de l’athlétisme au Bénin et dans le monde résidant en France.
Noélie Yarigo est un modèle et une source d’inspiration pour les jeunes. De par son histoire et son parcours professionnel, elle a inscrit son nom dans le livre d’histoire. Aujourd’hui, elle est une icône en matière de sport en général et de l’athlétisme en particulier. Elle est un exemple de résilience et l’incarnation parfaite du proverbe « à cœur vaillant rien d’impossible ». Son histoire et son parcours aussi incroyable en disent d’ailleurs long.
De l’armée à l’athlétisme
Née le 26 décembre 1985 à Natitingou, Noélie Yarigo a commencé sa carrière professionnelle dans l’Armée de l’Air. Issue d’une famille de dix enfants dont elle est la huitième, elle perd son père très tôt et ne pourra compter que sur sa mère. Avec pour seul soutien sa mère Idani Thérèse, elle va s’engager avec l’armée de l’air juste après ses études secondaires en 2009. Faut-il le préciser, elle avait une passion pour le sport. Son entrée dans l’armée de l’Air ne lui a pas fait oublier son rêve ou encore sa passion. Elle s’entrainait seule bien qu’elle fût alors militaire puisqu’elle participait déjà aux différentes compétitions d’athlétisme. Il s’agit notamment des jeux de la francophonie auxquels elle a pris part à Niamey en 2005 et terminé 6e, des championnats d’athlétisme du 800 m et 1500 du Bénin de 2006 où elle a fini double vice-championne et des jeux Africains d’Alger sur 800 m où elle n’est pas arrivée à passer le cap des séries. C’est alors en 2012 après son entrée dans l’armée en 2009 où elle a eu à s’entrainer seule qu’elle a rencontré son sauveur, l’homme qui va l’aider à vivre pleinement sa passion et faire par ricochet de son rêve réalité, son ex entraineur Claude Guillaume (2012-2022). C’était à l’occasion des Championnats d’Afrique de Porto-Novo ténus en juin 2012 où elle a raté la qualification pour les demi-finales. Bien qu’elle n’ait pas réussi à se qualifier pour les demi-finales, elle a impressionné Claude Guillaume de par ses efforts et sa détermination qui a décidé de lui tendre la main. « Il a proposé de me prendre en charge parce que depuis mon entrée dans l’armée je m’entraînais toute seule. J’ai tout de suite saisi l’opportunité parce que j’avais envie de devenir une grande athlète comme les Kényanes, les Américaines, etc. » raconte souvent l’athlète. Elle a par la suite intégré le Centre d’entrainement et d’éducation en athlétisme (CEC) et a commencé par s’entraîner avec le club Running 41 de Blois. Le chemin lui étant donc tracé pour tutoyer le succès tant rêvé dans l’athlétisme, elle sera alors détachée, selon les informations auprès du ministre du Sport et des Loisirs d’alors afin de pouvoir se consacrer entièrement à ses entrainements.
Une Progression rapide
Désormais dans de bonnes mains et dans de bonnes conditions pour réaliser son rêve, Noélie Yarigo ne tardera pas à mettre tout le monde d’accord malgré les nombreux défis. Elle travaille avec acharnement et connait une progression rapide sous son entraineur et améliore ses performances. En 2014, elle se surpasse et passe de 2 min 06 s 72 son record personnel en 2012 à 2 min 00 s 51. Elle remporte dès lors le championnat de France en salle à Bordeaux et termine tout de même au pied de podium pour le compte du championnat de France en plein air à Reims avant d’atteindre la finale des championnats d’Afrique de Marrakech où elle termine à la 5e place. Elle a participé à plusieurs d’autres compétitions où elle a donné le meilleur d’elle-même. En Aout 2015, elle représente le Bénin aux Championnats de monde de Pékin. A cette épreuve, NoélieYarigo rate la qualification pour les demi-finales terminant à la 6e place avec un chrono de 2 min 02 s 48.
Un parcours impressionnant
Noélie yarigo a un parcours assez riche qui impressionne plus d’un. Malgré les échecs dont elle a fait parfois objet et les difficultés rencontrées elle n’a jamais baissé les bras. Elle a, à son actif, plusieurs titres et récompense dont notamment le championnat de France en salle et en plein air. Elle est détentrice de plusieurs médailles. Au nombre de celles-ci, on peut citer la médaille de bronze des Jeux de solidarité islamique à Bakou en 2017, la médaille d’or sur 1500 m remportée en 2019 aux championnats d’Afrique de l’Ouest à Niamey. En 2023, elle réalise la meilleure performance de sa carrière en salle en 1 min 59 s 29. Ce chrono était tout de même la meilleure performance mondiale de l’année. Avec un chrono de 1 min 58 s 48 réalisé à Torun en 2023, elle est devenue la 25e meilleure performeuse mondiale de l’histoire en salle, et la 2e en catégorie master, à 11 centièmes du record du monde des plus de 35 ans détenus par la Tchèque Helena Fuchsova. Cette performance était par ailleurs, la deuxième meilleure performance mondiale de 2023.

Une fierté nationale
Noélie Yarigo de par son parcours d’athlète est une fierté pour le Bénin. Elle a hissé très haut le drapeau du Bénin et ce, à plusieurs occasions. Elle a plusieurs fois représenté et défendu les couleurs béninoises aux compétitions sportives internationales notamment dans le domaine qui est le sien, l’athlétisme. Il s’agit principalement des championnats d’Afrique ; des jeux de la Francophonie et Jeux Olympiques. Détentrice des records du Bénin aux 600 m, 800 m, 1000m et 1500 m, Noélie Yarigo détient depuis 2023 le record en salle du 800 en France avec un Chrono de 1 min 58 s 48. Elle a représenté le Bénin trois fois aux Jeux Olympiques et a fini deux fois demi-finaliste dont Rio en 2016 et Tokyo en 2020. En 2024, elle représente le Bénin aux Championnats du Monde d’Athlétisme en salle à Glasgow en Écosse et termine à la troisième place décrochant ainsi la médaille de Bronze. Une performance exceptionnelle qui l’honore à la fois et honore le Bénin. Et pour cause, c’était la première médaille mondiale du Bénin. Ceci lui a valu des honneurs de la part du gouvernement et du peuple Béninois. Rentrée le 19 mars avec sa médaille, elle a été chaleureusement accueillie à l’Aéroport par les cadres du ministère du sport, de la Fédération de l’Athlétisme et ses fans. Elle a d’abord reçu des mains du Ministre des Sports, Monsieur Benoît DATO, un bouquet de fleurs dans la salle d’honneur de l’aéroport. Elle sera ensuite conduite à la place des Amazones où elle recevra des honneurs militaires avec à la clé une récompense du gouvernement. Le Gouvernement lui a offert 15 millions de francs en guise de reconnaissance pour avoir inscrit le nom du pays dans les annales de l’Athlétisme au plan mondial. Tout récemment, soit le mardi 3 septembre 2024, elle a décroché sa qualification pour les mondiaux de Tokyo 2025 où elle défendra à nouveau le drapeau béninois. Cette qualification a été obtenue à l’occasion de World Athletics Continental Tour de Rovereto en Italie. Elle avait alors fini troisième de sa série avec un chrono de 1’58″94 derrière la Kényane, Nelly Chepchirchir (1’57’’74) et l’Américaine, Sauge Klecker Hurta (1’58’’33).

Au-delà de ses records et de son parcours forçant respect et admiration, Noélie Yarigo inspire et soutient également la jeunesse. Surnommée la Guéparde de Penjari, elle a mis sur pied une initiative qui est à la fois une action communautaire où elle motive les jeunes qui désirent se lancer dans l’athlétisme. « C’est pour motiver les jeunes à faire comme moi. Leur montrer que l’on peut réussir par le sport. On peut étudier, mais faire aussi de l’athlétisme. Leur faire découvrir la course à pied, tout en détectant aussi les talents ». « Il faut que quelqu’un prenne la relève quand j’arrêterai ! » révèle-t-elle lors d’une interview accordée au magazine VO2Run. Encore faut-il le dire, cette initiative consiste en une compétition qu’elle organise tous les 1ers mais dans son village Materi.
De tout ce qui précède, Noélie Yarigo est de par son parcours, son histoire et sa détermination, un modèle et un exemple de réussite pour la jeunesse. Comme elle aime bien le dire, elle une histoire à raconter pour la jeune génération. « Je suis Noélie Yarigo. Je viens de Materi dans la Pendjari (Nord Bénin) où le sport était considéré par nos parents comme un domaine exclusivement masculin, mais aussi une alternative aux études. Je suis une histoire à raconter à notre jeune génération. La réussite ne dépend ni de la couleur, ni de la provenance. Battez vous toujours dans tout ce que vous entreprenez, et mettez y surtout le cœur » dit-elle.
Fiacre Awadji