Alors que le numérique déploie ses ailes, les journaux papiers béninois perdent de l’altitude. Une étude fouillée, publiée en avril 2025 dans la revue Wemaxo de l’ObSIC/EDUBOURSES, menée par Donatien Fernando Sowanou en collaboration avec Gbétohou G. Wenceslas Mahoussi et Olouyomi Y. Tchango, revient sur dix années de bouleversements, entre espoirs d’hier et défis d’aujourd’hui.

Il y a encore quelques années, le bruissement matinal du papier dans les kiosques faisait partie du décor quotidien. Une époque pas si lointaine que le numérique pousse aujourd’hui vers les marges. Entre 2015 et 2024, la presse écrite béninoise a connu des hauts et surtout des bas.

Cette étude de Donatien Fernando Sowanou, journaliste diplômé de l’École Nationale des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication (ENSTIC), publiée en avril 2025 dans la revue Wemaxo de l’ObSIC/EDUBOURSES, met en lumière une décennie de transitions souvent brutales pour les titres papier béninois. Le travail a pour coauteurs Gbétohou G. Wenceslas Mahoussi, Maître Assistant en Sciences de l’Information et de la Communication des Universités du CAMES, enseignant à l’Université d’Abomey-Calavi, et Olouyomi Yannick Tchango, titulaire d’un Master en Communication et Relations Publiques de l’ENSTIC, attaché de recherche à l’Observatoire des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication (ObSIC).

En effet, entre 2015 et 2021, 192 journaux ont été autorisés par la HAAC à paraître. Un chiffre qui en disait long sur l’effervescence post-réforme du Code de l’information et de la communication. Mais dès 2021, douze journaux ont disparu des radars suite à une nouvelle décision de l’instance régulatrice. Pis, entre 2022 et 2024, 86 journaux cessent progressivement de paraître ou n’apparaissent plus dans les revues de presse.

Le constat dressé par les auteurs est sans appel. La presse papier béninoise traverse une crise majeure. Tous les acteurs interrogés, journalistes, éditeurs, chercheurs en conviennent. Les journaux traditionnels souffrent d’un cocktail amer mêlant la fragilité économique, l’absence de soutien institutionnel et la révolution numérique rapide.

D’un côté, les coûts de production explosent, pendant que les recettes publicitaires s’amenuisent. De l’autre, les lecteurs migrent vers les réseaux sociaux, les sites web et les formats instantanés. Face à cette concurrence féroce, le papier peine à faire le poids.

L’étude appelle à une prise de conscience collective. Pour espérer un sursaut, les journaux papier doivent se réinventer. Mise en ligne des contenus, diversification des revenus, professionnalisation accrue, les pistes sont connues. Mais pour les concrétiser, un accompagnement de l’État, des organisations professionnelles et de la HAAC est jugé essentiel. Des subventions ciblées, des mesures fiscales incitatives ou encore des partenariats public-privé pourraient redonner un second souffle à ce pilier historique de l’information.

N. Faboladji Abèrèkéré

By Jupiter

Solverwp- WordPress Theme and Plugin