Le Bénin chute de trois places dans le classement mondial 2025 de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières. L’organisation dénonce un climat de plus en plus restrictif pour les journalistes, marqué par des pressions politiques, l’usage controversé du Code du numérique et l’absence de réformes concrètes.
Reporters sans frontières (RSF) a dévoilé ce 2 mai son classement 2025 de la liberté de la presse. Le Bénin recule de la 89ᵉ à la 92ᵉ place, avec un score en baisse (de 56,73 à 54,6). RSF souligne un affaiblissement de la liberté de ton des journalistes, notamment sous l’effet du Code du numérique utilisé pour poursuivre des voix critiques en ligne.

Dans son analyse, RSF pointe une diminution significative de la liberté de ton des journalistes béninois. Si le paysage médiatique reste diversifié, il souffre, selon l’organisation, de l’absence de groupes de presse solides et viables pour garantir une indépendance éditoriale.
RSF déplore également l’usage répété du Code du numérique, en vigueur depuis 2018, pour poursuivre des journalistes, en particulier ceux qui s’expriment sur les plateformes numériques. Ces derniers sont souvent accusés de diffusion par voie électronique de fausses informations affectant la tranquillité publique ou de complicité dans de telles diffusions.
Sur le plan politique, RSF souligne que si les journalistes sont « théoriquement libres de couvrir tous les sujets d’intérêt public « , la réalité est plus nuancée. L’organisation observe un renforcement du contrôle de l’État sur le secteur des médias ces dernières années. Depuis l’arrivée au pouvoir du président Patrice Talon en 2016, l’accès à certaines informations sensibles notamment en matière de sécurité, de déplacements de population ou de contrats miniers est devenu extrêmement restreint pour les professionnels des médias.
Outre les pressions politiques et juridiques, les difficultés économiques pèsent lourdement sur le secteur. La fragilité financière de nombreux médias, confrontés à un marché publicitaire limité, entrave leur autonomie.
En janvier 2023, le président Talon avait chargé la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) de proposer une réforme visant à améliorer les conditions de vie et de travail des journalistes. Mais à ce jour, cette réforme tarde à voir le jour,
Aoulath Osseni