Quand les préjugés créent des crises identitaires sans pareilles

On ne mesure peut-être pas encore leurs portées, combien ils sont destructeurs. Mais les préjugés sont comme des poisons lents qui tuent à petit feu. Ils sont très souvent considérés comme des idées dont il ne faut pas tenir compte, mais tel un mal négligé, ils gagnent du terrain.

Dans notre société, ils sont sources de discriminations et d’exclusion. Ils frappent là où ça fait mal, l’identité, l’origine.

Nous les ignorons peut-être. Mais nous avons certainement tous été témoins de ces petites moqueries quotidiennes et de ces commentaires désobligeants. « Les filles qui portent ce prénom sont des putes », « les garçons qui portent ce prénom sont bêtes », « les gens de Ouidah, d’Abomey, d’Adja, de Dassa, etc. sont mauvais », « les femmes de telle localité ne sont pas épousables ».


Aussi banales qu’ils puissent paraitre, ces phrases et mots lancés à quelqu’un peuvent le blesser et créer en lui un sentiment de doute. Des interrogations sur son acceptation, l’acceptation de son identité ou ethnie feront surface. Et c’est ce à quoi nous assistons de nos jours dans une société où ces préjugés qui devraient être perçus comme des commentaires désobligeants sont plutôt normalisés.

De cela émerge une crise aussi dévastatrice que la guerre, celle identitaire. D’aucuns sentent le besoin de se fondre dans une société ou communauté qui rejette leur ethnie, racine ou particularité culturelle pour se faire accepter.


C’est triste et malheureux ! En vrai, le mal est plus profond qu’on ne le pense.

Aujourd’hui, beaucoup ont du mal à assumer leur identité, nombre de personnes hésitent à évoquer leur origine avec fierté. Ceci par peur d’être jugé ou d’être classé ou rejeté. Plusieurs fois déjà, j’ai vu des gens mentir sur leur origine ou encore ethnie juste parce qu’on leur a dit que cette ethnie est la pire de l’espèce humaine. J’ai vu des gens parler le français au détriment de leur langue maternelle par peur d’être identifié comme originaire de telle localité. J’ai vu et j’ai vu…


Devons-nous nous effacer, sacrifier nos cultures, nos ethnies pour promouvoir celles des autres parce qu’elles sont vues comme moins dignes et inacceptables ? La réponse est non. Chaque ethnie est unique et a ses particularités. Il n’y a pas d’ethnie qui soit meilleure que d’autres. Il n’y en a pas non plus qui soit mauvaise. Les ethnies, les cultures sont justes différentes les unes des autres. Les différences culturelles et ethniques sont une richesse et non un handicap.

Certains préjugés sont déjà ancrés dans les mémoires et sont malheureusement adoptés. Mais la situation n’est pas fatale. Nous pouvons inverser la tendance et corriger le tir. Cela part d’une prise de conscience. Des prénoms aux ethnies, tout ce qui se dit relève des idées généralement préconçues, des informations erronées. Très souvent, certaines personnes se basent sur des expériences vécues avec un cercle restreint pour tirer une conclusion. Nous devons déconstruire ces idées et faire de nos différences une force afin de favoriser le vivre ensemble. Nous devons construire et promouvoir une société où nous nous acceptons malgré nos différences ethniques, culturelles et même religieuses. Nous devons œuvrer pour une société où chacun assume son identité, évoque son origine, parle de son ethnie avec fierté. Adja, Fon, Gun, Yoruba, Bariba, Dendi, Nago, Peulh et etc sont des ethnies différentes mais du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, nous sommes les mêmes par humanité.


A bas les préjugés ! Et plus que jamais soyez fiers de qui vous êtes, d’où vous venez ! Assumez-vous et ne vous laissez jamais déstabiliser pas par ce que les autres pensent de vous.

Fiacre Awadji

By Jupiter

Solverwp- WordPress Theme and Plugin