Dans de nombreuses sociétés, être mère célibataire reste un sujet lourd de préjugés et de jugements. Souvent perçues à travers le prisme de la faute, de l’échec ou de l’immoralité, ces femmes font face à une stigmatisation persistante qui impacte profondément leur quotidien et leur estime de soi.

Qu’elles soient divorcées, veuves ou aient choisi d’élever seules leur(s) enfant(s), les mères célibataires subissent souvent des représentations négatives. Dans certains milieux, elles sont jugées comme irresponsables, incapables de maintenir une relation stable, voire moralement fautives. Ces stéréotypes sont d’autant plus pesants qu’ils s’inscrivent dans des contextes culturels où la structure familiale traditionnelle reste la norme dominante.

La société attribue volontiers aux mères célibataires des étiquettes réductrices : femmes « faciles », « incapables de retenir un homme », ou encore « fardeau pour la communauté ». Ces jugements s’accompagnent souvent d’une absence de soutien, tant institutionnel que familial, ce qui complique leur intégration sociale et professionnelle.

Souvent perçues comme des femmes de “mauvaise vie”, les mères célibataires peinent à se remettre en couple. Soit parce que les hommes les rejettent, soit parce qu’elles développent des traumatismes qui les ralentissent à s’engager à nouveau.


Selon une étude qualitative menée par l’ONG Femmes Solidaires Bénin en 2022 auprès de 200 mères célibataires dans les communes de Cotonou et Parakou, près de 70 % d’entre elles disent souffrir de solitude chronique et de baisse de confiance en soi. « Parfois, je me sens coupable d’avoir gardé mon enfant. Mais en même temps, je l’aime. Je suis tiraillée entre honte et fierté « , confie Léa, 25 ans, rencontrée dans un centre de santé communautaire à Parakou.

Ce sentiment d’ambivalence est fréquent. Il est alimenté par les discours sociaux culpabilisants et l’absence de reconnaissance du rôle central de ces femmes dans l’éducation et la survie de leurs enfants. « J’ai été rejetée par ma propre famille ». Rose, 20ans, étudiante à l’université de Parakou mère d’un garçon de 2 ans, raconte : Quand j’ai dit à mes parents que j’étais enceinte, ils m’ont demandé de quitter la maison. Le père de l’enfant avait déjà disparu. J’ai dû tout recommencer à zéro, seule, avec la honte sur les épaules. » Aujourd’hui, elle fait les petits jobs qu’elle trouve. Malgré les difficultés, elle tient bon
« C’est mon fils qui me donne la force. Mais je sens le regard des voisins, des amis. Pour eux, je suis une femme perdue. »

La société béninoise, comme beaucoup d’autres, continue d’associer la maternité au cadre matrimonial. Une femme qui élève seule un enfant est souvent perçue comme ayant échoué à être une épouse, voire considérée comme une menace pour les foyers d’autrui.
« On nous voit comme des femmes incomplètes, mais personne ne voit nos luttes quotidiennes », soupire Rose.

Aoulath Osseni

By Jupiter

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