Le phénomène des mères célibataires est une problématique qui devient de plus en plus préoccupante du point de vue de son ampleur. Plus les jours passent et les chiffrent augmentent. Ici, au Bénin, elles sont désormais nombreuses. Ainsi des interrogations émergent. Parmi elles se trouvent des questions liées aux causes et à leur quotidien. La question qui revient le plus souvent est celle liée aux pistes de solutions. Dans ce dossier, nous aborderons chacun de ces aspects et aussi ce que pense la société d’elles.

Le quotidien des mères célibataires

Elles élèvent leurs enfants sans compagnon à leurs côtés. Par choix ou par circonstances, elles sont devenues mères célibataires. Et pourtant, l’éducation d’un enfant exige, dit-on, la présence d’un père et d’une mère. À Calavi, Cotonou ou Parakou, ces femmes font face, seules. Immersion dans leur quotidien, entre responsabilités, solitude et espoir.

Devenir mère célibataire n’est jamais un choix anodin. Pour certaines, c’est une décision mûrement réfléchie. Pour d’autres, c’est une réalité imposée par la vie. L’abandon, la séparation, le décès ou le refus de reconnaissance de paternité. Mais, quel que soit le chemin, elles ont un point commun. Celui qui consiste à élever seules leurs enfants.

Élodie Yemadjè, 35 ans, élève son fils de 13 ans sans relâche depuis que son mari est décédé. Chaque jour, elle quitte la maison avant le lever du soleil pour rejoindre son étal de pagnes au marché Dantokpa. Elle n’y revient qu’à la tombée de la nuit. « Mon fils me reproche mes absences, mais il ne voit pas que je me tue à la tâche pour lui offrir une vie meilleure, » avoue-telle. Chez elle, l’ambiance est pesante. Peu de mots échangés. L’amour est là, tapi sous la fatigue et l’incompréhension. « Je ne sais pas si je suis une bonne mère. Mais je me bats », confie Élodie

Mireille, une mère âgée de 29 ans, raconte une histoire similaire. « Il fallait que je sois forte », dit-elle. Abandonnée en pleine grossesse, elle a dû apprendre à jongler entre son travail de couturière, les soins au bébé, et les regards parfois durs de son entourage. Comme Mireille, elles sont nombreuses à endosser, chaque jour, les responsabilités de deux parents à la fois.

Grâce, 23 ans, vit seule avec sa fille de 2 ans dans une chambre à cour commune. À peine sortie de l’adolescence, elle est devenue maman de façon précoce. « Quand j’ai accouché, j’étais seule. Le père a disparu. Mes parents m’ont rejetée. » Depuis, elle cumule les ménages, les cours à l’université et l’éducation de sa fille. Elle rêve d’un diplôme, d’un avenir digne. « Je veux qu’un jour, ma fille soit fière de moi. » À l’en croire, elle pleure souvent, le soir, lorsque la petite dort.

Une aide-soignante de 28 ans, mère de deux enfants, enchaîne les gardes. Lorsqu’elle travaille la nuit, c’est une voisine qui veille sur les petits. « Mon fils commence à poser des questions. Il ne comprend pas pourquoi son père ne vient jamais. Moi non plus, d’ailleurs. » Son quotidien est une course contre la montre. Les couches, les devoirs, les pleurs, et les fins de mois difficiles.

Espoir Logossou de son côté, une jeune mère dans la trentaine, est partagée entre ses études, son travail et l’éducation de son fils. « La semaine, c’est ma mère qui garde mon fils. Le week-end, je le récupère. Peu importe mes obligations, je fais l’effort d’être avec lui. » Elle reconnaît sa chance d’avoir le soutien de ses parents. Mais pour elle, rien n’est facile. « Quand tu dois aller travailler, tu penses à mille choses : est-ce qu’il sera bien traité ? Est-ce que je peux faire confiance à celle à qui je le confie ? » Alors elle s’organise, sans jamais baisser les bras. Sa vie personnelle est en pause, volontairement mise de côté. « Mon objectif, c’est de finir mes études et de subvenir à ses besoins. »

Faut-il le dire, derrière chaque mère célibataire, il y a une histoire de courage que personne ne raconte assez.

N. Faboladji Abèrèkéré

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