Dans un entretien accordé au quotidien La Nation, ce mardi 27 Mai 2025, Ernest Edah, agent communautaire à l’Association béninoise pour la promotion de la famille (Abpf), revient sur les enjeux cruciaux de la contraception après une interruption volontaire de grossesse (Ivg) ou une fausse couche. Il y détaille les délais, méthodes disponibles et précautions à prendre pour prévenir une grossesse non désirée, tout en garantissant la santé physique et mentale des femmes.
L’expert est formel : dès 10 à 14 jours après une Ivg ou une fausse couche, l’ovulation peut reprendre. « Ce qui signifie que sans contraception, une nouvelle grossesse peut survenir presque immédiatement », alerte Ernest Edah. D’où l’importance de proposer une méthode contraceptive adaptée dès la sortie de l’intervention ou pendant la consultation de suivi.
Selon lui, cette démarche permet non seulement d’éviter une grossesse non désirée, mais aussi de laisser à la femme le temps de se reconstruire physiquement et émotionnellement. La loi n°2003-04 sur la santé sexuelle et reproductive au Bénin encadre d’ailleurs ce droit à la planification familiale, même dans ces situations particulières.

Qu’il s’agisse d’une Ivg médicamenteuse ou chirurgicale, ou encore d’une fausse couche précoce ou tardive, les méthodes varient. Dans certains cas, les contraceptifs hormonaux (pilules, injections, implants, patchs) peuvent être démarrés immédiatement. Pour le dispositif intra-utérin (DIU), il est parfois conseillé d’attendre une à deux semaines, notamment après une fausse couche, pour s’assurer que l’utérus est complètement vide.

Mais attention, toutes les femmes ne sont pas éligibles à toutes les méthodes. « Des contre-indications existent : maladies hépatiques, antécédents de thrombose, infections génitales ou malformations utérines », rappelle Ernest Edah. D’où l’importance d’un accompagnement médical personnalisé.
Pour le spécialiste de l’Abpf, la période post-Ivg ou post-fausse couche est aussi un moment de grande fragilité psychologique. « Il est essentiel d’offrir un espace d’écoute, de respecter le consentement éclairé et d’orienter, si besoin, vers un accompagnement psychologique », affirme-t-il. Il insiste également sur la nécessité de déconstruire certaines idées reçues : croire qu’on ne peut pas tomber enceinte sans retour de règles, que la contraception est inutile, ou que les DIU sont dangereux.
En conclusion, Ernest Edah appelle à renforcer la formation des professionnels de santé, à mieux informer les femmes sur leurs droits, et à garantir un accès équitable aux méthodes contraceptives, y compris en post-Ivg ou post-fausse couche. Un enjeu crucial de santé publique au Bénin.
Aoulath Osseni