En 2023, la pénétration de l’internet sur le continent africain est évaluée à 37% , d’après l’agence Ecofin, une croissance fulgurante. À une ère où numérique, digital et intelligence artificielle règnent en maîtres, les jeunes sont de plus en plus livrés aux réseaux sociaux. Mais l’exposition constante et prolongée aux réseaux sociaux au-delà des opportunités qu’elle offre conditionne à une certaine dépendance. Victor Kalu, docteur en sciences de l’information et de la communication, spécialiste des médias numériques, nous parle des réseaux sociaux et des implications qu’ils comportent.

QJ: Selon vous, quelle est l’ampleur de l’usage des réseaux sociaux chez les jeunes au Bénin aujourd’hui ?

SN : Les réseaux sociaux sociaux ont commencé par prendre forme au Bénin, depuis une vingtaine d’années mais depuis cinq ans, il y a une augmentation constante et croissante du nombre de jeunes béninois qui s’intéressent aux réseaux sociaux vu que le taux de l’internet qui s’évalue à huit personnes sur dix. Le taux de pénétration de la population sur les réseaux sociaux  est déjà à 10% , on peut dire que les réseaux sociaux sont ancrés dans le quotidien de la jeunesse. Les plus populaires sont : Whatsapp, Tiktok, Facebook et Instagram.

QJ: Avez-vous des exemples de jeunes béninois qui ont tiré profit des réseaux sociaux (carrière, visibilité, entrepreneuriat) ?

SN : Les exemples sont légions. Plusieurs béninois utilisent les réseaux sociaux de façon professionnelle dans le cadre du business et de l’i-tech. À titre illustratif, on peut citer Ulrich Adjovi qui est à la tête d’un grand empire aujourd’hui et qui dans le domaine du showbiz, utilise les réseaux sociaux pour faire de la communication.

QJ : En quoi les réseaux sociaux peuvent-ils aider les jeunes à s’émanciper socialement ou économiquement ?

SN : Aujourd’hui, comme l’a dit Francis Balle, tous les secteurs sont touchés par le numérique. Les réseaux aujourd’hui ont facilité beaucoup de choses . L’accès à l’information ,à l’éducation ( les cours en ligne) sont facilités. Le divertissement prend également une autre tournure. Avec les réseaux sociaux, on peut entreprendre sans avoir de siège physique, juste avec une boutique en ligne. Ils brisent la temporalité et l’espace géographique en connectant au mieux les personnes.

QJ : Observez-vous une forme de dépendance des jeunes aux réseaux sociaux ? Quels sont les signes ?

SN : La dépendance des jeunes sur les réseaux sociaux est évidente et préoccupe. Les jeunes passent plusieurs heures sur les réseaux sociaux aujourd’hui au lieu de s’adonner à des activités importantes.

On remarque qu’une personne peut passer une, deux, voire quatre heures sur son téléphone, mais incapable de tenir vingt minutes devant un livre , ce qui inquiète.

L’addiction aux réseaux sociaux favorise l’isolement social, le besoin obsessionnel des partages, des likes. La vie dépend de plus en plus du numérique et cela est une préoccupation majeure sur laquelle, il faut s’attarder.

QJ : Quels impacts négatifs cette dépendance peut-elle avoir sur la santé mentale, les études ou les relations sociales ?

SN : Sur la santé mentale, la dépression, la perte d’estime de soi, car quand vous postez une photo et vous n’avez pas assez de likes, de commentaires, de partages, le niveau d’anxiété qui augmente de plus en plus chez les jeunes, le suicide.

-Sur les études

Diminution de la concentration des jeunes, la baisse de performance académique.

-Sur le plan social

Les réseaux sociaux ont ce pouvoir de passe-temps , de rapprocher ceux qui sont loin, donc de renforcer le lien faible, mais il y a aussi le revers de la médaille : la fragilisation des liens. Vous verrez deux frères qui vivent dans la même chambre , ne  se parlent pas et chacun est sur son téléphone en train d’échanger avec des amis.

QJ : Quels conseils donneriez-vous à un jeune pour tirer profit des réseaux sociaux tout en évitant la dépendance ?

SN : Les réseaux sociaux sont comme un couteau à double tranchant. Pour en profiter convenablement , il faut se donner une certaine discipline. On parle de bonnes pratiques, de l’hygiène numérique. À titre illustratif, il faut se fixer un temps d’utilisation des réseaux sociaux quotidien, il ne faut pas tout mettre en ligne, diversifier ses activités et surtout, utiliser le mode ne pas déranger, une fois que vous vous déconnecter, car une fois que les notifications viennent, vous serez tenté de  vérifier.

Huguette Hontongnon

By Jupiter

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