Longtemps resté en marge des grandes institutions culturelles francophones, le théâtre béninois marque un tournant historique en intégrant en 2024 la Commission Internationale du Théâtre Francophone (CITF). Une reconnaissance internationale qui vient couronner des années de résilience artistique et qui ouvre la voie à de nouvelles opportunités pour les créateurs du pays. Retour sur une évolution discrète mais déterminante du théâtre béninois vers la scène mondiale.

C’est dans la cité phocéenne que s’est tenue l’Assemblée Générale de la Commission Internationale du Théâtre Francophone (CITF). Le Bénin, nouvellement admis en tant que membre associé depuis 2024, y a fait ses premiers pas, représenté par William Codjo, Directeur général de l’ADAC, et l’expert artistique Carlos Adékambi Zinsou. Une participation stratégique, saluée comme un pas important vers le renforcement de la coopération culturelle internationale du pays.

Mais si cette entrée dans le cercle de la CITF apparaît comme une première, elle est en réalité l’aboutissement d’un long cheminement historique, entamé dès les années 1970 avec l’émergence de figures majeures comme Jean Pliya, Martin Tentégou ou encore Julien Alapini, qui ont posé les premières pierres d’un théâtre béninois conscient, engagé et ouvert au monde.

Des débuts prometteurs à l’affirmation contemporaine

Dans les décennies post-indépendance, le théâtre béninois s’est imposé comme un vecteur de conscience sociale, abordant des thématiques de justice, de mémoire historique et de critique politique. À défaut de soutiens institutionnels constants, la scène théâtrale s’est appuyée sur la passion de ses acteurs, le dynamisme des troupes locales et les réseaux francophones d’échange.

L’ouverture du Festival International de Théâtre du Bénin (FITHEB) dans les années 1990 a représenté un tremplin important, bien que les éditions successives aient connu des fortunes diverses. En parallèle, plusieurs artistes béninois se sont exportés sur la scène internationale, contribuant à forger une identité théâtrale nationale plus visible dans la sphère francophone.

Une adhésion et des retombées immédiates

L’intégration officielle du Bénin à la CITF, soutenue par le gouvernement béninois et portée par l’Agence de Développement des Arts et de la Culture (ADAC), offre désormais un cadre structuré de collaboration avec des institutions majeures comme celles du Canada, de la Belgique ou de la France.

À Marseille, cette première participation béninoise a été marquée par plusieurs retombées concrètes :

  • Désignation de Carlos Adékambi Zinsou comme expert artistique au sein des commissions.
  • Sélection de Cybelline De Souza et Ornella Fagnon à la résidence de recherche Pépinière CITF.
  • Participation de Mariame Darra en tant qu’auditrice libre à un cycle d’échanges et de formations.

La Pépinière CITF, quant à elle, vise à encourager la création collaborative et pluridisciplinaire dans l’espace francophone, en favorisant les résidences croisées et la production de spectacles à dimension interculturelle.

Du symbolique au stratégique : renforcer la structuration du théâtre au Bénin

Pour les observateurs du secteur culturel, cette adhésion marque une bascule symbolique mais surtout stratégique. Le Bénin n’est plus simplement invité dans l’arène, il y siège désormais, avec une voix à faire valoir. Cela suppose de renforcer, à l’intérieur du pays :

  • La formation des jeunes comédiens et metteurs en scène.
  • La professionnalisation des troupes locales.
  • La mobilité internationale des œuvres et des artistes.
  • La politique de soutien à la production et à la diffusion.

Comme le résume un responsable de l’ADAC, Ce n’est pas une fin, mais le début d’un nouveau cycle. À nous de faire fructifier cette présence au sein de la CITF pour renforcer la présence du Bénin sur la carte du théâtre mondial.

Aoulath Osseni

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