C’est désormais une récurrence. Il n’est plus rare de voir des gens périr faute de dépression. « Je ne vais pas bien, je me sens vide, priez pour moi », « je quitte les réseaux un moment, je déprime », ces messages sont presque monnaie courante sur les réseaux sociaux. Une preuve que la dépression gagne du terrain et fait de ravage. Très souvent elle détruit beaucoup de personnes dans le silence. Et pourtant, elle pourrait être évitée si des précautions nécessaires sont prises. Quelles sont alors les réelles causes de la dépression ? Quelles sont les conséquences qui en découlent ? comment peut-on la prévenir et la guérir ?
La dépression résulte d’une interaction complexe de facteurs sociaux, psychologiques et biologiques. D’après Isabelle Gandaho Kindjinou, psychologue et conseillère conjugale, la dépression est bien plus qu’un simple coup de fatigue passagère. C’est un trouble psychique qui est caractérisé par une profonde tristesse, par une perte d’intérêt pour les activités du quotidien, par une fatigue persistante, des troubles du sommeil, de l’appétit et parfois une perte de l’estime de soi. Chez certaines personnes, elle s’installe silencieusement. « Par exemple, une femme mariée peut continuer de vaquer à ses taches ménagères tout en se sentant vide de l’intérieur, tout en se sentant incomprise et sans goût à la vie » a -t-elle expliqué.
Les réelles causes de la dépression
Selon la psychologue, les causes de la dépression sont multiples et souvent entremêlées. Elles peuvent être psychologiques comme un traumatisme non résolu ou une faible estime de soi. Elles peuvent être biologiques avec des déséquilibres chimiques dans le cerveau, des déséquilibres socio-environnementaux comme le stress chronique. Il y a également les conflits conjugaux ou l’isolement. « Par exemple, un homme qui subit des pressions financières importantes de toutes parts, tout en ayant des tensions avec sa conjointe, peut se sentir dépassé, honteux et finit par s’enfermer dans le silence, ce qui peut le précipiter vers une dépression » a-t-elle souligné.
Les conséquences
Les conséquences de la dépression sont multiples. Pour, Isabelle Ganahou-Kindjinou, les conséquences de la dépression touchent tous les aspects de la vie. Ainsi fait-elle remarquer, « sur le plan professionnel, on observe une baisse de performance ou des absences répétées au poste. Sur le plan personnel, il y a une perte d’énergie, une perte de motivation, parfois même des pensées suicidaires. Sur le plan relationnel, la personne peut devenir très irritable, se replier sur elle-même ou être incomprise de ses proches. Dans un couple, cela peut créer une distance. L’un ne comprend pas l’état de l’autre et se sent rejeté. L’autre se sent accablé et incapable d’expliquer ce qu’il vit concrètement. Et cela crée un cercle vicieux si rien n’est fait ». Selon certains experts, la dépression est un tueur silencieux. Elle réduit l’espérance de vie en augmentant le risque des maladies cardiovasculaires. Elle détruit la santé mentale.
D’après Proxim, le principal risque d’une dépression non traitée ou mal traitée est le suicide. Sur dix personnes ayant mis fin à leurs jours, sept étaient des malades dépressifs, pour la plupart non soignés.
Guérison et prévention
Selon la psychologue, la première des choses à faire lorsque l’on déprime, c’est d’en parler. « Si vous déprimez, parlez-en. Le silence nourrit la souffrance. Parlez-en que ce soit à un proche ou carrément à un professionnel. Mettez les mots sur ce que vous ressentez. C’est la première étape vers la guérison. Il est très important aussi de ne pas se juger soi-même. La dépression n’est pas une faiblesse. Ça n’arrive pas qu’aux autres ça peut arriver à tout le monde je prends l’exemple d’une jeune maman qui pleure souvent, qui se sent dépassée et pense qu’elle est nulle elle doit comprendre que ce qu’elle vit là peut s’appeler une dépression du post-fatum et qu’elle a le droit d’être aidée ».
Pour ce qui est de la prévention, il y a plusieurs moyens. D’après les explications de la psychologue, la prévention de la dépression passe par une bonne hygiène de vie, un sommeil équilibré, une alimentation équilibrée, de l’activité physique. II faut aussi savoir gérer ses émotions, apprendre à reconnaître et à nommer non seulement mais à exprimer extérioriser ses émotions.

A l’en croire, il est important de maintenir un lien social dans le cercle d’amis, dans le cercle familial et surtout dans le couple. Et ceci passe par « la communication, ne pas accumuler les non-dits. Par exemple, un couple qui prend l’habitude de faire un bilan émotionnel, que ce soit hebdomadaire ou bien mensuel, où chacun dit ce qu’il ressent sans être jugé, cela renforce la santé émotionnelle et diminue les risques de mal-être très profond ».
« Prenez soin de votre santé mentale comme vous prenez soin de votre santé physique. Et surtout, ne pas banaliser les signaux d’alerte. Aussi, apprenez à dire « je vais mal ». C’est un art de courage et non de faiblesse. Si vous avez un proche en souffrance, soyez là, présent, calmement. Soyez une main tendue et non quelqu’un qui va juger ce proche-là.
Ne soyez non plus quelqu’un qui veut réparer coûte que coûte. Soyez juste présent, calmement. Enfin, avis au couple. Je vous invite à mieux vous écouter, à être tendre. Sachez une chose, souvent derrière une personne distante ou irritable, il y a une souffrance qui n’est pas exprimée. La dépression ne crie pas toujours, retenez bien. Parfois, elle s’habille de sourire » conseille-t-elle.
Fiacre Awadji