Dans la perspective des élections générales de 2026, la Commission électorale nationale autonome (CENA) veut miser sur la production locale d’équipements électoraux. Le 9 juillet 2025, une délégation du Conseil électoral a visité la Zone industrielle de Glo-Djigbé (GDIZ), pour étudier les capacités des industries béninoises. Une démarche innovante dans un contexte où la majorité des pays africains continuent de dépendre des importations.

Au Bénin, le vent de la souveraineté souffle dans presque tous les domaines. La Commission électorale nationale autonome (CENA) envisage, pour la première fois, d’équiper les bureaux de vote avec du matériel fabriqué localement. Une délégation du Conseil électoral, dirigée par Laurentine ADOSSOU Davo, rapporteure, s’est rendue ce mercredi 9 juillet à la Zone industrielle de Glo-Djigbé (GDIZ), afin de juger le potentiel de production des unités industrielles béninoises.
«Nous cherchons des tissus adaptés à la fabrication d’isoloirs, à la fois opaques et résistants. Nous pensons que nos industries en sont capables », a affirmé Laurentine Adossou Davo à l’issue de la visite. Plutôt que de dépendre d’importations souvent coûteuses, la CENA souhaite faire appel aux structures locales, à l’image de Benin Textile (BTex), Kaju Bénin Cashew SA ou Benin Agri Business.

Cette orientation tranche avec la pratique dominante sur le continent. Dans de nombreux pays africains du Sénégal au Ghana, en passant par le Cameroun ou le Niger – les équipements électoraux (isoloirs, urnes, encre indélébile, etc.) sont généralement importés de Chine, d’Inde ou de pays européens. La logistique internationale, le coût, les délais d’acheminement et les contraintes douanières rendent ces processus parfois complexes, et exposent les élections à des imprévus.

Au contraire, le Bénin fait ici le pari de l’efficacité nationale. « Nous ne sommes pas venus par simple curiosité. Des discussions sont déjà avancées pour concrétiser ce projet », a confié Sanni Gounou, membre du Conseil électoral. François Abiola, également du Conseil, a salué « une ville industrielle moderne » et exprimé sa fierté après la visite des ateliers.

Une innovation qui sera historique


En Afrique, seuls quelques pays comme le Rwanda ont commencé à internaliser partiellement la fabrication de matériel électoral, souvent pour des raisons économiques et de transparence. Le Bénin, avec cette initiative, pourrait rejoindre ce cercle restreint et poser un jalon vers la professionnalisation souveraine des processus démocratiques.

Cette démarche s’inscrit également dans la dynamique impulsée par le gouvernement béninois pour valoriser la production nationale et renforcer les chaînes de valeur locales. Si les tests s’avèrent concluants, les équipements électoraux de 2026, des isoloirs aux urnes pourraient bien porter la signature « Made in Benin ».

Une ambition à la fois technique, économique et politique… et un signal fort pour les autres démocraties africaines.

À travers cette initiative, la CENA s’aligne sur la dynamique gouvernementale de promotion de la production locale et d’autonomisation des chaînes d’approvisionnement. La fabrication des équipements électoraux sur le sol béninois ne serait pas seulement un gage de transparence, mais aussi un acte fort d’émancipation technologique et industrielle.

Si cette intention se concrétise, le Bénin deviendrait l’un des premiers pays de la sous-région à intégrer le Made in Africa à toutes les étapes de son processus électoral. Une démarche à la fois audacieuse et stratégique, qui pourrait inspirer bien au-delà des frontières nationales.

Aoulath Osseni

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