Alors que le Bénin œuvre à renforcer son réseau électrique, les coupures récurrentes continuent de freiner l’activité des petites entreprises. Entre pertes financières, adaptation coûteuse et manque de visibilité, les PME tirent la sonnette d’alarme sur un enjeu crucial pour l’économie nationale.
Le Bénin enregistre depuis plusieurs mois des interruptions régulières d’électricité, notamment dans certaines régions comme le Plateau, le Borgou ou l’Atlantique. Si ces coupures, souvent dues à des travaux d’entretien du réseau ou à des contraintes techniques, sont présentées par la Société Béninoise d’Énergie Électrique (SBEE) comme nécessaires à l’amélioration du service, elles impactent directement le tissu économique local, en particulier les petites et moyennes entreprises (PME).
Des pertes directes sur la production
Dans des secteurs comme la transformation agroalimentaire, l’artisanat ou les services, l’électricité reste un facteur clé de production. Quand elle manque, les machines s’arrêtent, les services sont suspendus. Les petites unités de production artisanale, les imprimeries ou encore les ateliers de menuiserie paient le prix fort de ces interruptions. Selon la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin (CCI Bénin), plusieurs PME déclarent enregistrer des baisses de chiffre d’affaires allant jusqu’à 30 % les jours d’interruption prolongée.
L’adaptation coûteuse des PME
Pour pallier ces aléas, beaucoup d’entreprises investissent dans des groupes électrogènes ou des solutions solaires. Mais ces alternatives, loin d’être des solutions de confort, pèsent sur la rentabilité. Entre le coût du carburant, l’entretien des groupes et les charges supplémentaires, certaines entreprises réduisent leur production, voire limitent leurs horaires d’ouverture.
« Nous avons dû acheter un groupe de secours, mais le carburant nous coûte au moins 20 000 F CFA par semaine. C’est une charge supplémentaire que nos clients ne comprennent pas forcément », confie le gérant d’un atelier de menuiserie à Parakou.

Outre la production, la fiabilité du courant affecte la relation client. Nombre de PME qui dépendent des réseaux numériques ou des services connectés voient leur activité ralentie lors des coupures : commandes non traitées, services reportés, perte de confiance des clients.
Des efforts publics encore insuffisants
La SBEE, de son côté, affirme multiplier les projets pour stabiliser le réseau, notamment avec l’appui de la Communauté Électrique du Bénin (CEB) et des partenaires techniques. Mais les résultats tardent à se faire sentir sur le terrain, notamment pour les petites entreprises en périphérie des grandes villes.
Des pistes pour une meilleure résilience
Face à cette réalité, plusieurs associations professionnelles appellent à :
- La mise en place d’un calendrier prévisionnel fiable des coupures,
- Des mesures fiscales incitatives pour les PME qui investissent dans l’énergie autonome,
- Une accélération des projets d’énergie renouvelable accessibles aux petites structures,
- Un dialogue renforcé entre la SBEE et les organisations professionnelles.
Pour les observateurs économiques, la question de l’énergie est centrale pour la compétitivité des PME béninoises, qui représentent près de 90 % du tissu économique formel selon la CCI Bénin.
Sans réponse adaptée, la récurrence des coupures risque de brider le potentiel entrepreneurial et d’affaiblir un secteur déjà vulnérable.
Aoulath Osseni