L’ONU a publié le 28 juillet 2025, le rapport mondial sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde en 2025. Conjointement rédigé par la FAO, le FIDA, l’OMS, le PAM et l’UNICEF, ce rapport met en lumière les données et analyses les plus récentes sur la faim, la sécurité alimentaire et la nutrition dans le monde, notamment des estimations actualisées sur le coût et l’abordabilité d’une alimentation saine.

Selon les informations contenues dans le rapport, des progrès ont été réalisés quant à la lutte contre la faim dans le monde. « L’évaluation la plus récente de la faim dans le monde, mesurée par la prévalence de la sous-alimentation (indicateur 2.1.1 des ODD), indique des signes d’amélioration ces dernières années. La prévalence de la sous-alimentation a commencé à augmenter lentement en 2017, avant de bondir en 2020 et en 2021 à la suite de la pandémie de covid-19. La dernière évaluation met en lumière des progrès encourageants entre 2022 et 2024. D’après les estimations, 8,2 pour cent de la population mondiale aurait connu la faim en 2024, un chiffre en baisse par rapport aux 8,5 pour cent de 2023 et aux 8,7 pour cent de 2022. On estime qu’entre 638 millions et 720 millions de personnes (entre 7,8 pour cent et 8,8 pour cent de la population mondiale) ont souffert de la faim en 2024. L’estimation ponctuelle (673 millions) représente une diminution de 15 millions par rapport à 2023 et de 22 millions par rapport à 2022 (figure 2.1) » révèle le rapport.

L’Afrique toujours à la traine

D’après le rapport, bien que des progrès soient réalisés de façon générale, d’importants défis restent à relever. Contrairement aux autres régions du monde, les défis du continent africain sont de taille. Le rapport souligne que ces dernières années, le pourcentage et le nombre de personnes n’ayant pas les moyens de s’alimenter sainement ont diminué nettement en Asie et marginalement en Amérique latine et dans les Caraïbes, en Amérique du Nord et en Europe, et en Océanie. Mais en Afrique, c’est plutôt l’inverse qui a été observé. En revanche, le pourcentage est passé de 64,1 pour cent en 2019 à 66,6 pour cent en 2024 et le nombre de personnes concernées de 864 millions à 1 milliard sur la même période. Le nombre de personnes n’ayant pas les moyens de s’alimenter sainement augmente régulièrement depuis 2017 dans les pays à faible revenu, alors qu’il recule depuis 2020 dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure et les pays à revenu élevé.

L’inflation, l’élément perturbateur !

Au-delà des progrès et les défis, le rapport, a passé en revue comment la forte inflation a ébranlé le pouvoir d’achat dans de nombreux pays et, notamment au sein des populations à faible revenu, l’accès à une alimentation saine. Selon le rapport, la hausse des prix des produits alimentaires porte atteinte de manière disproportionnée à la sécurité alimentaire dans les contextes d’inégalités, où les disparités structurelles selon le revenu, le genre et la situation géographique amplifient à la fois l’exposition aux chocs et les obstacles empêchant des interventions efficaces.

« La poussée de l’inflation mondiale des prix des produits alimentaires depuis 2022 a probablement fait progresser la malnutrition aiguë et exposé des millions d’enfants à des risques accrus dans les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. De janvier 2022 à janvier 2023, les prix mondiaux des produits alimentaires ont augmenté de 13,6 pour cent et l’inflation des prix des produits alimentaires a atteint 25,2 pour cent dans les pays à faible revenu et 11,8 pour cent dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. Durant cette période, plus de 65 pour cent des pays à faible revenu et 61 pour cent des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure – qui comptent plus de 1,5 milliard d’habitants au total – ont enregistré une inflation des prix des produits alimentaires supérieure à 10 pour cent. Ces mêmes régions ont déclaré des taux d’émaciation chez l’enfant parmi les plus élevés en 2022, jusqu’à 6,4 pour cent dans les pays à faible revenu et jusqu’à 9,5 pour cent dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. Les prix des produits alimentaires ont augmenté tout au long des années 2023 et 2024, portant le coût moyen d’une alimentation saine à l’échelle mondiale à 4,46 USD en parité de pouvoir d’achat (PPA) par personne et par jour, contre 4,30 USD en PPA en 2023 et 4,01 USD en PPA en 2022 » lit-on dans le rapport.

L’objectif ‘’Faim Zéro ‘’ n’est pas atteignable en 2030

En référence aux projections faites en 2015, la faim devrait être complètement éliminée du monde d’ici 2030. Mais avec la situation actuelle, le monde semble être loin de la réalité. Et pour cause, le rapport indique que des progrès et des signes de reprise ont été observés ces dernières années, comme en témoignent les tendances à la baisse de la prévalence de la sous-alimentation et de la prévalence de l’insécurité alimentaire modérée ou grave, mais les niveaux restent supérieurs à ceux enregistrés avant la pandémie de covid-19, et le monde est loin d’avoir atteint l’objectif d’élimination de la faim et de l’insécurité alimentaire d’ici à 2030 (cible 2.1 des ODD). De la même façon, ajoute le rapport, malgré certains progrès accomplis au regard des cibles mondiales relatives à la nutrition, le monde n’est pas dans les temps pour atteindre la cible 2.2 des ODD.  

Une approche globale stratégique pour accélérer les choses

Le rapport examine les mesures prises par les pays pour faire face à ces difficultés et prévenir de futurs chocs des prix, et indique la voie à suivre dans les temps à venir. Il souligne combien une mise en œuvre cohérente des politiques budgétaires et monétaires est importante pour stabiliser les marchés, promouvoir un commerce ouvert et résilient, et protéger les populations vulnérables. L’ONU appelle en outre à améliorer les systèmes de données et à soutenir l’investissement dans des systèmes agroalimentaires résilients pour renforcer la sécurité alimentaire et la nutrition sur la durée. Ces actions coordonnées sont vitales pour relancer une dynamique de progrès qui permettra d’éliminer la faim et la malnutrition d’ici à 2030.

Il rappelle que pour faire face aux flambées des prix des produits alimentaires, il faut une approche stratégique globale qui concilie les mesures d’assistance à court terme et la résilience à long terme. Dans cette veine, des solutions ci-après ont été proposées :

  • Conception de mesures efficaces face à l’inflation des prix Les mesures budgétaires ciblées jouent un rôle essentiel en aidant les populations vulnérables durant les périodes de forte inflation des prix des produits alimentaires.
  • Les réductions de taxes sur les biens essentiels, notamment les produits alimentaires, peuvent apporter une aide immédiate aux ménages confrontés à une augmentation du coût de la vie.
  • Renforcement de la protection sociale en cas de tensions inflationnistes Les systèmes de protection sociale sont indispensables pour atténuer, au moyen de transferts en espèces ou en nature, les effets des crises des prix des produits alimentaires sur les ménages à faible revenu.
  • Une protection sociale efficace nécessite non seulement un financement adéquat, mais aussi une conception rigoureuse et des systèmes de mise en œuvre fiables.

Fiacre Awadji

By Jupiter

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