Un nouveau dossier sensible s’ouvre sur la scène politico-judiciaire béninoise. Le Parquet spécial près la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) a annoncé, ce jeudi 7 novembre 2025, l’ouverture d’une enquête pour falsification de procurations dans le cadre de la délivrance de duplicatas de quitus fiscaux et de casiers judiciaires. Selon un communiqué signé du procureur spécial Elonm Mario Metonou, plusieurs responsables du parti Les Démocrates seraient concernés.
Des duplicatas suspects dans la course aux élections
Tout serait parti de nombreuses demandes adressées à l’Administration fiscale et au Centre national du casier judiciaire. Ces requêtes, principalement introduites par des responsables du parti d’opposition, visaient à obtenir des duplicatas de quitus fiscaux et de casiers judiciaires , des documents indispensables à la constitution des dossiers de candidature pour les prochaines élections communales et législatives.
Mais à l’examen, les services publics concernés ont constaté que la plupart des bénéficiaires supposés avaient déjà retiré leurs pièces, parfois en plusieurs exemplaires. Face à cette situation inhabituelle, les administrations ont exigé que les duplicatas ne soient remis qu’en mains propres ou à des mandataires officiellement désignés.
Des fausses procurations pour contourner la procédure
C’est dans ce contexte que la Direction générale des Impôts a saisi la CRIET, dénonçant des procurations falsifiées utilisées pour retirer frauduleusement des quitus fiscaux. L’enquête ouverte par la Direction de la police judiciaire a permis de confirmer la falsification : signatures non conformes et témoignages accablants de personnes dont les noms avaient été usurpés.

Selon le communiqué du procureur Metonou, deux individus ont déjà été interpellés à la Direction générale des Impôts, pris en flagrant délit de détention de procurations contrefaites. Les investigations se poursuivent pour remonter la chaîne de responsabilités et identifier tous les acteurs impliqués.
Des faits punis par la loi
Les faits reprochés sont susceptibles de constituer des infractions de faux et usage de faux ainsi que de fraude en matière électorale, prévues et sanctionnées par les articles 247, 307 et 309 du Code pénal béninois. Les peines encourues vont d’un à cinq ans d’emprisonnement.
Un coup dur pour Les Démocrates
Cette affaire tombe à un moment crucial, alors que le parti Les Démocrates s’active pour boucler ses listes de candidatures dans toutes les circonscriptions électorales, comme l’exige le Code électoral. Si les faits venaient à être confirmés, ils pourraient fragiliser davantage l’image du principal parti d’opposition, déjà confronté à des défis organisationnels à l’approche des scrutins.
Le procureur spécial a promis de revenir vers l’opinion publique pour faire le point sur l’évolution de la procédure. En attendant, cette affaire met une fois encore en lumière les tensions et les dérives qui entourent la préparation des échéances électorales au Bénin.
La Rédaction
