Il y a onze ans, le 10 novembre 2014, l’Église catholique du Bénin et le monde des médias perdaient une voix lucide, courageuse et prophétique. Il s’agit du Père André Quenum, prêtre, journaliste et ancien Directeur de publication de La Croix du Bénin. Onze ans plus tard, son empreinte spirituelle, intellectuelle et journalistique reste indélébile.
Un prêtre et journaliste hors pair
Né le 30 novembre 1966, le Père André Quenum a très tôt répondu à l’appel de Dieu. Formé au Séminaire Notre-Dame de Fatima de Parakou, puis au Grand Séminaire Saint Gall de Ouidah, il a été ordonné prêtre par le Pape Jean-Paul II le 3 février 1993 au Stade de l’Amitié de Cotonou, lors de la seconde visite apostolique du Saint-Père au Bénin. Mais derrière le pasteur, se profilait aussi un intellectuel engagé. Après ses études aux États-Unis, à l’Université de Duquesne en Pennsylvanie, il décroche un Master en journalisme et un Doctorat en philosophie de la communication. De retour au Bénin en 2004, il prend la direction de La Croix du Bénin et donne à l’hebdomadaire catholique une orientation nouvelle, à la fois rigoureuse et moderne.
Une plume prophétique et un esprit réformateur
Sous sa direction, La Croix du Bénin devient un journal d’analyse et de conscience, ouvert sur les enjeux sociaux, économiques, politiques et religieux du pays. Le Père Quenum ne faisait pas du journalisme pour plaire, mais pour éclairer. Son éditorial, toujours précis, mesuré et percutant, savait interpeller les consciences. Il avait initié de profondes réformes au sein du journal. Il procéda à la réorganisation des rubriques, créa deux pages liturgiques pour préparer la messe dominicale, lança le supplément Croix Junior animé par des jeunes, et mit en place le projet Média pour le développement (Média-Dév) soutenu par OSIWA pour promouvoir le journalisme d’investigation au service du bien commun. Malheureusement, il n’aura pas le temps de voir ce dernier projet pleinement aboutir.
Un guide spirituel et un homme de conviction
« Je me souviens encore comme si c’était hier quand j’ai appris la triste nouvelle de son décès. C’était toute activité cessante. J’avais décrété trois jours de deuil parce qu’il représentait pour nous une figure emblématique qui nous montrait le chemin pour s’épanouir dans la vie. », témoigne Rolland Bessangbo, écrivain et ancien collaborateur du prêtre au micro de la chaine Bénin Aujourd’hui. « Pour l’homme qu’il était c’est ce guide, à un moment donné je l’avais sollicité pour être mon directeur spirituel et il m’a orienté sur des pistes qui m’ont aidé pour la suite de ma vie. Non seulement c’est l’homme de Dieu qui sait rassembler les brebis du seigneur. Aussi c’est ce citoyen engagé qui sait rechercher la vérité qui ne prend pas de détour pour dire ce qu’il pense. Il avait un style de journalisme bien percutant pour faire mal même aux régimes qui se sont succédé pendant qu’il a été nommé à la tête du Journal la Croix du Bénin» a-t-il ajouté.
Un héritage vivant
Au-delà du journaliste, le Père André Quenum fut aumônier, enseignant, directeur spirituel et formateur de générations entières de jeunes. Il incarnait cette rare union entre foi, intelligence et engagement citoyen. Son œuvre demeure dans chaque ligne écrite, dans chaque esprit éveillé par la lecture de La Croix du Bénin, et dans chaque prière murmurée pour le repos de son âme.
La Rédaction
