Le Niger franchit un cap décisif dans la gestion de ses ressources naturelles. Les autorités militaires ont annoncé la mise sur le marché international de l’uranium extrait sur leur sol, actant une rupture profonde avec le groupe français Orano, acteur historique du secteur minier nigérien.
Une nationalisation qui rebat les cartes
La Somaïr, filiale d’Orano exploitant l’un des plus importants gisements d’uranium du pays, a été nationalisée en juin 2025. Cette décision a privé Orano de son permis d’exploitation, après plusieurs mois de tensions entre Niamey et l’entreprise française. Le chef de la junte, le général Abdourahamane Tiani, a justifié cette orientation par la volonté du pays de reprendre le contrôle total de ses richesses minières. « Le Niger a le droit légitime de disposer de ses ressources et de les vendre à qui souhaite acheter, dans le respect des règles du marché », a-t-il déclaré. La télévision publique Télé Sahel a souligné que « le Niger, digne, met sur le marché international sa propre production ».

Un gisement stratégique au cœur des tensions
La Somaïr, détenue jusqu’à sa nationalisation à 63,4 % par Orano et à 36,6 % par l’État nigérien — abrite des réserves estimées à 200 000 tonnes d’uranium, faisant du site d’Arlit un enjeu énergétique mondial. Orano avait déjà perdu le contrôle opérationnel de la mine en décembre 2024, prélude à la rupture officielle. Depuis, l’entreprise française a lancé plusieurs procédures d’arbitrage international. Un tribunal a même ordonné au Niger de s’abstenir de vendre le stock de concentré d’uranium actuellement sur le site, soit près de 1 300 tonnes, évaluées à environ 250 millions d’euros.
Diversification des partenaires et réalignements géopolitiques
Déterminé à affirmer sa souveraineté, le Niger explore de nouvelles alliances. L’Iran et la Russie se positionnent comme des partenaires potentiels, Moscou ayant déjà exprimé son intérêt pour l’exploitation de l’uranium nigérien. Selon plusieurs sources locales, un convoi transportant près de 1 000 tonnes d’uranium aurait récemment quitté Arlit pour rejoindre le port de Lomé, au Togo, en transitant par le Burkina Faso. Niamey n’a pas officiellement confirmé cette information, mais elle illustre l’orientation géostratégique nouvelle du pays.
Un tournant majeur pour la filière uranium en Afrique
Avec cette décision, le Niger renforce son positionnement souverainiste et rebat les cartes dans le secteur de l’uranium, où la France a longtemps été un partenaire incontournable. Reste à savoir si cette redéfinition des alliances permettra au pays de maximiser la valeur de ses ressources sans raviver les tensions diplomatiques et juridiques en cours.
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Huguette Hontongnon
