Cent élèves de l’école catholique mixte Saint Mary, située à Papiri dans l’État du Niger, au nord-ouest d’Abuja, devraient être remis ce lundi aux autorités locales. Selon une source des Nations unies, les enfants ont déjà été acheminés jusqu’à Abuja. L’information a été confirmée à l’AFP par le porte-parole de la présidence nigériane, Sunday Dare.

Ces élèves faisaient partie des 303 enfants et 12 enseignants kidnappés lors d’un raid armé contre le pensionnat. Il s’agit de l’un des enlèvements de masse les plus importants enregistrés ces dernières années au Nigeria. Une cinquantaine de victimes avaient réussi à s’échapper peu après l’attaque. Pour l’heure, environ 165 personnes restent portées disparues, un chiffre qui maintient la tension au sein de la communauté.Daniel Atori, porte-parole de l’évêque Bulus Yohanna du diocèse de Kontagora, a réagi avec prudence :« Nous avons prié et attendu leur retour. Si c’est confirmé, c’est une nouvelle réconfortante. Mais nous n’avons pas encore reçu de notification officielle du gouvernement fédéral. »

Un pays miné par l’insécurité et les enlèvements de masse

Les enlèvements contre rançon sont devenus un fléau au Nigeria, particulièrement dans le Nord-Ouest et le Centre. Les attaques sont majoritairement menées par des groupes criminels appelés « bandits », motivés par des gains financiers.En novembre seulement, plus de 400 Nigérians ont été enlevés en quinze jours : des écolières musulmanes, des fidèles d’une Église évangélique, des agriculteurs, une mariée et ses demoiselles d’honneur… Une vague qui a profondément ébranlé le pays.Quelques jours avant l’enlèvement massif de Saint Mary, 25 jeunes filles avaient été kidnappées dans un lycée de l’État voisin de Kebbi. Elles avaient été libérées le 25 novembre.Selon un rapport du cabinet SBM Intelligence, le kidnapping est devenu un véritable secteur lucratif, générant plus de 1,66 million de dollars entre juillet 2024 et juin 2025.

Un phénomène ancien, toujours d’actualité

Le Nigeria avait déjà été marqué en 2014 par l’enlèvement de près de 300 lycéennes à Chibok par Boko Haram, un événement qui avait provoqué une mobilisation internationale. Dix ans après, une centaine de ces jeunes filles restent introuvables.Aujourd’hui, le pays, fort de ses 230 millions d’habitants, est confronté à une double crise sécuritaire :

-l’insurrection djihadiste dans le Nord-Est, active depuis 2009 ;

-la montée du banditisme armé, sans motivation idéologique mais aux méthodes tout aussi violentes.

Débat politique autour des violences : chrétiens et musulmans tous touchés

Cette nouvelle vague d’enlèvements intervient alors que le président américain Donald Trump affirme que les chrétiens du Nigeria seraient spécifiquement ciblés par des « terroristes islamistes ». Une thèse rejetée par le gouvernement nigérian et par plusieurs experts, qui rappellent que les victimes sont aussi bien chrétiennes que musulmanes, sans distinction.

Malgré les critiques, Washington a placé le Nigeria sur la liste des pays particulièrement préoccupants en matière de liberté religieuse, invoquant une « menace existentielle » pour les chrétiens du pays.

Un dénouement encore incertain

Alors que 100 élèves devraient recouvrer la liberté, l’attente reste douloureuse pour les familles des 165 otages toujours portés disparus. Le gouvernement nigérian, régulièrement critiqué pour son incapacité à garantir la sécurité, est plus que jamais sous pression.La libération annoncée représente un rare moment d’espoir, mais le Nigeria continue de faire face à une crise sécuritaire profonde dont les enlèvements ne sont que l’un des symptômes les plus visibles.

Huguette Hontongnon

By Jupiter

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