Malgré un contexte régional tendu, le Bénin affiche une gestion prudente de sa dette publique. Selon la Caisse autonome de gestion de la dette (CAGD), les indicateurs restent solides et le pays conserve un faible risque de surendettement.
La stratégie d’endettement du Bénin continue de porter ses fruits. Dans son rapport 2024, publié en avril 2025, la CAGD se veut rassurante : la dette publique reste viable et bien encadrée. À fin décembre 2024, l’encours de la dette s’élève à 6 960,3 milliards de F CFA, en hausse de 6,9 % par rapport à l’année précédente une progression modérée, comparée aux 10,94 % enregistrés entre 2022 et 2023.
Le taux d’endettement ressort à 53,4 % du PIB, en légère baisse par rapport à 2023 (54,5 %), confirmant les efforts de consolidation budgétaire du gouvernement. Ce niveau reste largement en dessous du plafond communautaire de 70 % fixé par l’UEMOA.
La structure de la dette béninoise reste dominée par l’endettement extérieur (72,6 %), contre 27,4 % pour la dette domestique. Le rapport note que la stratégie 2020-2024 de gestion de la dette à moyen terme a permis de réduire significativement les risques de refinancement de la dette intérieure.
Cependant, la part de la dette en devises reste au-dessus de la fourchette cible, en raison d’un marché régional encore peu profond et d’une politique monétaire plus stricte de la BCEAO.
- Un financement extérieur maîtrisé
Les tirages sur emprunts extérieurs atteignent 895,1 milliards de F CFA en 2024 (+8 %). Cette hausse est portée notamment par l’émission d’un Eurobond de 750 millions de dollars en février, ainsi que par des décaissements de partenaires comme le FMI, la Banque mondiale, la BAD ou encore l’AFD. Au total, les nouveaux accords de prêt signés en 2024 s’élèvent à près de 855 milliards de F CFA.

Le financement intérieur reste modeste (205,6 milliards de F CFA), principalement via les titres publics et quelques emprunts bancaires locaux.
- Service de la dette : pas d’arriérés
Le service de la dette s’est élevé à 836,3 milliards de F CFA en 2024, contre 714,6 milliards un an plus tôt. Malgré cette hausse, le niveau reste jugé soutenable par la CAGD, qui souligne l’absence d’arriérés de paiement.
Pour les années à venir, les autorités entendent poursuivre une stratégie prudente, en privilégiant les financements concessionnels et les maturités longues. Une nouvelle stratégie 2025-2029 a été adoptée en décembre 2024, avec pour ambition de consolider les acquis tout en renforçant les capacités d’endettement au niveau local, dans un cadre de décentralisation encadrée.
Aoulath Osseni