La situation devient de plus en plus inquiétante. De 20 à 35 ans, elles sont désormais nombreuses à être mères. Mais très peu sont sous le toit d’un homme. Très souvent, elles sont célibataires et élèvent soit les enfants seules ou avec l’aide de leurs pères ou soit laissent les enfants à la charge de leurs pères. Qu’est-ce qui est alors à la base de ce fléau qui ne cesse de croitre ?
Les causes sont nombreuses et variées. D’après le socio-anthropologue de développement et coach engagé dans les dynamiques sociales en Afrique, Rodrigue Hounkposso, les causes sont de plusieurs ordres. Cette multiplication n’est pas simplement une évolution démographique : elle est le fruit de transformations socioculturelles, économiques et identitaires. Nous avons l’urbanisation et la modernisation, l’autonomie croissante des femmes, l’instabilité des unions modernes, la pauvreté et la précarité sociale.

Urbanisation et modernisation : Les modes de vie évoluent, les structures familiales aussi. Les villes voient émerger de nouveaux rapports entre les sexes, avec parfois un relâchement des normes traditionnelles.
Autonomie croissante des femmes : Beaucoup de femmes ne sont plus disposées à subir des relations toxiques ou des mariages imposés. Certaines assument la maternité seule, par choix ou par nécessité.
Instabilité des unions modernes : Moins d’engagement formel (mariage), plus de relations temporaires ou informelles, ce qui accroît les risques de grossesses non planifiées.
Pauvreté et précarité sociale : Dans certains cas, des adolescentes ou jeunes femmes issues de milieux défavorisés deviennent mères par manque d’accès à l’éducation sexuelle ou sous la pression économique (grossesses intéressées).
A en croire, le socio-anthropologue, la responsabilité liée à la croissance des mères célibataire ne pourrait être jetée uniquement ni sur les femmes ni sur les hommes.
Pour lui, cette responsabilité est partagée. Selon ces analyses, l’émancipation des femmes bien qu’elle soit considérée comme un progrès a mis en lumière les inégalités et parfois déclenché des conflits de rôles dans le couple. Certaines femmes, conscientes de leur potentiel, refusent de rester dans des situations qui ne les valorisent pas. Dans la foulée, fait-il remarquer, dans bien des cas, beaucoup d’hommes fuient leurs responsabilités parentales. Ils ne reconnaissent pas l’enfant, ou refusent de s’engager durablement. Cela peut venir d’un modèle patriarcal affaibli, mais aussi d’un manque d’éducation à la paternité responsable.
A cela s’ajoute la tendance actuelle de la jeunesse. « La jeunesse subit l’influence des réseaux sociaux, de la sexualisation précoce, et manque souvent de repères. L’éducation à la sexualité, à la responsabilité affective et familiale est encore très faible. Résultat : des relations précoces et mal préparées » souligne le socio-anthropologue.
Fiacre Awadji