L’usage des aphrodisiaques s’est ancré dans les habitudes de nombreux jeunes. Ces substances qu’elles soient naturelles ou artificielles, sont supposés améliorer les performances sexuelles.
Entre les types d’aphrodisiaques, les modes d’usage, les sensations ressenties et les risques liés à la consommation de ces produits, des jouisseurs délient leurs langues
Longtemps perçus comme des stimulants réservés aux personnes âgées ou en perte de vigueur, les aphrodisiaques ont aujourd’hui conquis une cible plus jeune. Qu’ils soient naturels ou chimiques, ces produits envahissent les marchés, les boutiques de proximité, les réseaux sociaux et les nuits de nombreux jeunes adultes. Derrière la recherche du plaisir absolu, une pratique aux conséquences souvent ignorées.

Une tendance qui s’installe
Dans les rues, les universités, les boîtes de nuit ou sur les plateformes de livraison, les aphrodisiaques s’achètent comme du pain. Capsules, poudres, boissons énergétiques, racines trempées dans des liqueurs locales… les formules varient, mais l’objectif reste le même : repousser les limites du corps.
« Avant, c’était les hommes mariés. Maintenant, même les étudiants en prennent pour tenir avec leur copine ou juste “impressionner” « , raconte Juste, 24 ans, utilisateur occasionnel de produits stimulants.
Naturel ou chimique : tout y passe
Les aphrodisiaques les plus répandus chez les jeunes se classent en deux grandes catégories :
- Naturels: gingembre, les ultras, les asperges, la canelle, bois bandé, clou de girofle, miel noir, racine de ginseng, ail macéré, vin au kinkéliba, etc.
» Aucune étude scientifique n’a encore prouvé l’efficacité de ses substances Naturelles, » nous confie le Roland KPOMAHOU, docteur en santé sexuelle et reproductive à Parakou.
- Chimiques: comprimés bleus bien connus (Viagra), ditagraphine, produits importés d’Asie ou d’Inde, « poppers », ou encore des boissons énergisantes associées à des stimulants sexuels.
» Un ami m’a conseillé un cocktail à base de gingembre, de citron et de poivre de Guinée. J’ai cru que mon cœur allait sortir de ma poitrine « , confie Fawaz, 21 ans.
Des effets immédiats et parfois trompeurs
L’attrait principal des aphrodisiaques repose sur les sensations de puissance qu’ils procurent : érection prolongée, endurance, regain d’énergie, voire euphorie. Mais selon plusieurs témoignages, ces sensations s’accompagnent souvent de palpitations, de troubles de la vision, de nausées, ou d’agitation intense.
« C’est comme si ton corps carburait à 200 %. Tu te sens invincible… jusqu’à ce que ça te rattrape », témoigne Joel, 28 ans, consommateur régulier.
Un terrain glissant : risques physiologiques et psychologiques
Selon le docteur
l’usage récurrent ou non contrôlé d’aphrodisiaques, surtout chimiques, peut entraîner de graves conséquences.
- Cardiopathies: les vasodilatateurs augmentent la pression artérielle.
- Dépendance psychologique : certains ne peuvent plus avoir de rapport sans ces aides.
- Troubles de l’érection : à long terme, l’effet inverse peut survenir, rendant le corps « insensible » sans stimulation externe.
- Interactions médicamenteuses: plusieurs produits, surtout artisanaux, sont mélangés à des substances inconnues et peuvent interagir avec d’autres médicaments, parfois de manière fatale.
Le commerce de ces produits échappe en grande partie à tout contrôle sanitaire ou législatif. En pharmacie comme dans les boutiques de quartier, chacun propose « sa recette miracle ». Sur Internet, les réseaux sociaux amplifient la tendance, via des vidéos virales et des « tutos secrets ».
« Le problème, ce n’est pas qu’ils existent, c’est qu’ils circulent sans mode d’emploi, sans limite et sans suivi médical ». déplore un médecin sexologue.
Une pression de performance grandissante
Pourquoi autant de jeunes y ont recours ? Au-delà du plaisir, c’est la pression de la performance sexuelle qui motive bon nombre d’entre eux. Dans un contexte hypersexualisé, marqué par les codes des réseaux sociaux, de la pornographie et du paraître, le lit devient souvent un terrain de compétition.
« On veut prouver qu’on est des lions au lit, mais on oublie que le corps a ses propres limites « , lâche victoire, 26 ans, qui dit avoir vu son partenaire faire un malaise après une soirée trop « chargée ».
En somme si le recours aux aphrodisiaques ne date pas d’hier, leur banalisation chez les jeunes et leur usage excessif soulèvent de vraies questions de santé publique. Entre recherche de plaisir, peur de l’échec et absence d’encadrement, les utilisateurs prennent souvent des risques dont ils ne mesurent pas la portée. Une éducation sexuelle sincère, ouverte et adaptée semble plus urgente que jamais.
Aoulath Osseni