Il était 16 h, ce jeudi 26 juin 2025, quand les derniers grondements de tonnerre se sont tus, après trois bonnes heures de pluie. Une pluie dense, tenace, comme seule la saison pluvieuse sait en livrer. Mais à Drabo, dans l’arrondissement de Togba, Commune d’Abomey-Calavi, ces averses ne viennent pas seulement arroser les champs ou rafraîchir l’air lourd. Elles réveillent une vieille blessure que chaque habitant et chaque passager connaît bien. Descendue sur le terrain, l’équipe de Jupiterinfo a fait un constat amer.
À Drabo, chaque pluie rend la voie d’accès au marché de Togba presque impraticable. Celle tombée ce jeudi 26 juin 2025 n’a pas dérogé à la règle. À peine l’averse passée, la route, déjà abîmée, s’est transformée en un long tapis glissant. L’ état de la voie de Togba, surtout celle reliant Ouega à Drabo est désastreux. Même constat à l’entrée du marché de Togba. C’est un enchaînement de glissades, de chutes et de jurons. Piétons et motocyclistes sont tous logés à la même enseigne, celle de la boue, de la souffrance et de la résignation. Entre glissades, chutes et ras-le-bol général, les habitants et passagers n’en peuvent plus. Ils appellent, à l’intervention urgente des autorités.
Un véritable calvaire
Emprunter cette voie surtout quand il pleut, constitue un casse-tête pour les habitants de la localité et les passagers. Odile Bonou, une habitante, rencontrée sur les lieux partage sa peine. « C’est pitoyable ! La voie de Drabo, surtout en saison de pluie, fatigue ! Ce n’est pas la joie. Ça a fait que mon mari ne rentre même pas à la maison quand il entend qu’il a plu ici. Il faut que le gouvernement pense à ça, même si c’est juste pour nous poser du pavé.»

À chaque pluie, les scènes se répètent. À en croire Augustin Hessou, ce n’est plus une première chute. « Ça fait la deuxième fois aujourd’hui que je tombe ici. Trop, c’est trop. Le CA doit écrire au gouvernement pour qu’il vienne réparer cette voie-là. »
Pour Flora Ahanhanzo, emprunter cette voie pendant la saison de pluie est un chemin de croix. Encore tremblante après une chute devant notre équipe, elle montre ses pieds écorchés.« Tous mes orteils me font mal. Tout mon corps me fait mal. Et ce n’est pas la première fois. Ce n’est pas que je ne sais pas conduire, mais ici, tu ne peux pas échapper à la chute. Cette voie est trop dégradée. » Albertine Gandonou, une habituée du tronçon, dépassée par la situation arrive à peine à s’exprimer : « N’en parlons même plus. Tout ce que je veux, c’est que le gouvernement vienne nous réparer cette voie, » lâche-t-elle.

Chez les conducteurs de taxi-moto, communément appelés « zemidjan », le constat est encore plus amer. Aubin Alanonto, le regard fatigué mais le ton digne, confie qu’ils n’ont pas vraiment le choix. « On n’a pas à faire autrement. C’est gâté, mais on ne peut rien. Moi, ma seule prière, c’est que le gouvernement pense à nous, les taxi-motos, qui prenons les clients. On est obligés de passer par ici quand le client insiste. Franchement, cette voie nous fait souffrir. »

Et pourtant, ce n’est pas qu’un simple chemin comme bien d’autres. Il mène à des marchés, notamment ceux de Togba et de Glo, nouveau Tokpa en construction. Mais cette voie est en train de tomber en ruine. Il est temps que l’État cherche une solution urgente pour ce coin du Bénin que l’on croirait oublié par les engins de travaux publics.
N. Faboladji Abèrèkéré
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