Dans un contexte de fortes restrictions budgétaires, les dispositifs d’hébergement et les aides accordées aux déplacés d’Ukraine installés en France s’effritent progressivement. Sur le terrain, de nombreuses familles se retrouvent face à des situations complexes, souvent loin d’une autonomie réelle.
À Monclar-de-Quercy, dans le Tarn-et-Garonne, Valentyna illustre cette réalité. À 43 ans, cette ancienne enseignante ukrainienne observe chaque jour sa voiture immobilisée devant un garage de la route principale. Cette Renault Megane, achetée en août, représente bien plus qu’un simple moyen de transport : elle symbolise l’indépendance qu’elle a difficilement acquise depuis son arrivée en France, après avoir fui la guerre il y a trois ans. Elle n’avait alors même pas le permis , chose , qu’elle a fini par obtenir après cinq tentatives.
Avec la réduction progressive des dispositifs d’aide, l’avenir devient incertain pour ces familles. Depuis plusieurs mois, les collectivités et les associations locales constatent un désengagement progressif de l’État, lié au resserrement budgétaire. Les places d’hébergement temporaires se referment les unes après les autres et les aides financières se réduisent, laissant nombre de déplacés sans solution durable.

Des parcours d’insertion bloqués
À Monclar-de-Quercy, comme ailleurs en France, l’accès à l’emploi reste un défi majeur. Sans moyens de transport fiables, les opportunités professionnelles se raréfient pour les Ukrainiens installés dans des zones rurales. Valentyna en fait l’expérience : sa voiture en panne immobilise tout espoir de trouver un travail saisonnier ou un emploi stable. « Sans voiture, je ne peux rien faire ici », confie-t-elle à son entourage. Ses enfants, scolarisés, sont eux aussi tributaires de trajets compliqués.
Pour les associations, la situation est alarmante. Elles rappellent que le régime de protection temporaire, accordé en urgence au début de la guerre, avait permis une prise en charge rapide et efficace. Mais aujourd’hui, ce dispositif montre ses limites : manque d’emplois accessibles, absence de transports, logements éloignés des services essentiels…
Un retour impossible, un avenir flou
Si certains déplacés envisagent un retour en Ukraine, la majorité s’y refuse tant que l’insécurité persiste. Dans les bungalows de Monclar-de-Quercy, la vie communautaire s’organise, mais chacun garde en tête une même inquiétude : que se passera-t-il lorsque les aides disparaîtront totalement ?
Les familles les plus vulnérables, souvent monoparentales ou sans ressources, redoutent de se retrouver sans logement. « Nous avons construit une nouvelle vie ici, même modeste. Partir serait tout recommencer », expliquent plusieurs résidents. Certains bénéficient encore d’un accompagnement social, mais les travailleurs sociaux admettent manquer de solutions concrètes à proposer.
Des élus locaux en première ligne
Les maires et élus des petites communes rurales alertent régulièrement l’État sur les difficultés grandissantes. Héberger des dizaines de familles dans des structures touristiques hors saison était un choix pragmatique en 2022, mais les municipalités n’ont ni les moyens financiers, ni les infrastructures pour pérenniser cet accueil.
À Monclar-de-Quercy, les responsables locaux soulignent que la base de loisirs n’a pas vocation à devenir un centre d’hébergement permanent. L’hiver y est rude, l’isolement total, et l’accès aux services administratifs ou médicaux implique parfois plus d’une heure de trajet.
Rejoignez nous sur Whatsapp
https://whatsapp.com/channel/0029Vary7ry96H4T5J95FD3z
Huguette Hontongnon
