Depuis le dimanche passé, les chrétiens catholiques sont entrés dans le temps de l’Avent. Que doit – on y comprendre et quel sens revêt-il pour le fidèle catholique ?

Bonjour M. le journaliste. Que vos lecteurs et lectrices reçoivent aussi mes fraternelles et chaleureuses salutations. Avant de répondre à votre question, permettez-moi de faire une petite précision. Le temps de l’Avent a commencé dimanche dernier pour les catholiques de rite romain ; c’est important de le préciser parce que pour les catholiques de rite ambrosien par exemple (le rite ambrosien est suivi principalement par les catholiques de l’archidiocèse de Milan), le temps de l’Avent s’étend sur six (06) dimanches. Vous comprenez donc qu’ils ont commencé un peu plus tôt, et que le dimanche 8 décembre sera le quatrième dimanche de l’Avent, puisque Noël se fête à la même date (le 25 décembre). Revenant à votre question, disons que le mot Avent vient du latin Adventus qui traduit le mouvement de celui qui vient, de celui qui apparaît. Nous comprenons donc que dans le contexte liturgique de Noël, le temps de l’Avent est le temps d’attente de Celui qui est célébré à cette fête, Jésus, Dieu-fait-homme, le Sauveur qui vient nous visiter, Dieu qui vient sauver son peuple. Il s’agit du temps de préparation à la venue de notre Seigneur Jésus Christ. L’on pourrait objecter : mais le Christ est né il y a plus de 2000 ans ! Nous répondrons que ce n’est pas faux. Et c’est justement pourquoi il faut dire que le temps de l’Avent est le temps d’attente de celui qui est venu, qui vient et qui viendra. Le Christ en effet est venu il y a un peu plus de 2000 ans, mais il vient tous les jours, puisque son nom est justement Emmanuel. C’est exactement ce que Dieu nous a fait savoir par le prophète Isaïe : « Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous) » (cf. Isaïe, 14). Aussi, le Christ reviendra-t-il à la fin des temps comme lui-même l’a promis. On pourrait dire que le temps de l’Avent est pour les chrétiens le temps de l’attente de ce qu’ils ont déjà, mais qu’ils n’ont pas encore. Cela les met en mouvement, n’est-ce pas ? Il ne s’agit donc pas pour eux d’une attente passive.

Sur quelle période s’étend le temps de l’Avent ?

Nous avons plus haut insinué que les chrétiens catholiques de rite ambrosien ont un temps de l’Avent qui s’étend sur six (06) dimanches. Chez les catholiques de rite romain il s’étend plutôt sur quatre (04) dimanches. Le dimanche après la célébration du Christ Roi de l’Univers est le premier dimanche de l’Avent, et le dimanche avant le 25 décembre est le dernier de ce temps d’attente.

Quelle signification a le violet qui est la couleur liturgique de ce temps ?

Vous vous rappelez certainement ces paroles de l’ouvrage Antoine de Saint Exupéry, Le Petit Prince : « Nous avons tous besoin d’un symbole pour vivre […]. C’est ce qui nous aide à vivre et qui nous tient chauds et compagnie quand nous nous sentons seul et perdu dans le noir de la vie ». Pour nous aider à prier, pour nous tenir chauds, l’Église a disposé entre autres que chaque période de l’année liturgique (temps liturgique) soit marquée par une couleur particulière. C’est ainsi que pendant le temps de l’Avent nous utilisons le violet comme vous l’avez bien remarqué. Cette couleur signifie l’humilité, l’espérance, mais aussi la pénitence, la conversion des cœurs. Si, comme nous l’avons dit l’Avent est le temps de l’attente, on comprend que le violet vient symboliser cette attente, une attente humble, qui nous rappelle qu’on ne possède pas Dieu, mais qu’on cherche toujours à mieux le connaître.

Quelles doivent être les attitudes et les pratiques spirituelles du chrétien durant ce temps et quelles recommandations avez-vous à faire aux chrétiens catholiques ?

Pour comprendre les attitudes et les pratiques spirituelles du chrétien durant ce temps d’attente comme nous venons de définir le temps de l’Avent, il serait bien de se référer à la pédagogie que présente la liturgie de cette période. Cette année, la première lecture de la messe du premier dimanche est tirée du livre du prophète Isaïe. On a pu entendre « Voici venir des jours – oracle du Seigneur – où j’accomplirai la parole de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda » (cf. 33,14). C’est très significatif d’avoir, pour ce temps, comme compagnons de route, des figures comme Isaïe, Baruch, Sophonie, Michée, … – à travers lesquelles, j’en suis certain, la liturgie veut nous faire découvrir, dans l’Ancien Testament, le visage du Dieu qui vient à notre rencontre, le visage du Christ –, et les figures comme Jean-Baptiste et la Vierge Marie à travers les textes du Nouveau Testament.Ces figures, en effet, nous apprennent ce que signifie attendre. En effet, attendre c’est espérer, c’est être vigilant, c’est ne pas succomber à la tentation. Nous trouvons en ces personnages cette attitude qui doit caractériser la vie de chaque jour des chrétiens, mais cette attitude est particulièrement importante en cette période. Il serait donc très utile de se familiariser avec ces figures pendant le temps de l’Avent en ouvrant surtout le cœur pour qu’elles le transforment. Il serait aussi bien de vivre ce temps avec une certaine sobriété. Il ne s’agit pas de la sobriété qui caractérise le temps du carême chrétien mais de cette sobriété qui traduit une attente joyeuse. Nous pourrons le réapprendre de l’Église copte orthodoxe qui a maintenu (pour ceux qui en sont physiquement capables) la tradition de se priver de viande (puisque la viande pour eux est signe de fête) en cette période. C’est un grand défi pour nous puisqu’en cette période tout autour de nous parle de fête.

Entretien accordé au groupe de Presse « Prime News TV Bénin » par le Père Raoul Sohouénou, Missionnaire Combonien, Théologien moraliste.

By Jupiter

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