À travers un séminaire parlementaire tenu à Bohicon ce mardi 25 juin 2025, les députés béninois se sont imprégnés du projet de loi sur la Vision nationale de développement à l’horizon 2060. Si ce document stratégique entend transformer structurellement le pays pour les 35 prochaines années, il s’inscrit aussi dans une dynamique régionale. D’autres pays africains, comme le Rwanda, le Sénégal ou la Côte d’Ivoire, se projettent également dans des horizons lointains. Comment le Bénin se positionne-t-il dans ce concert de visions à long terme ?

Le Bénin vient de franchir une étape importante dans sa planification stratégique avec la présentation aux députés de sa Vision 2060, document de référence censé guider les choix politiques, économiques et sociaux du pays jusqu’au centenaire de son indépendance.

Lors du séminaire parlementaire d’imprégnation, organisé à l’Hôtel Les Princes de Bohicon, le Ministre d’État Abdoulaye Bio Tchané a insisté sur le caractère « collectif, inclusif et ambitieux » de cette nouvelle boussole nationale. Elle succède à la Vision Bénin 2025 Alafia, dont l’impact est resté limité faute de cadre légal contraignant. Cette fois, une loi-cadre sur la planification a été adoptée en février 2024 pour garantir la stabilité du processus.

Le Bénin dans la dynamique des visions africaines

Le Bénin n’est pas seul dans cette démarche de projection à long terme. D’autres pays du continent ont initié des stratégies similaires. Petit tour d’horizon :

Adoptée officiellement en 2020, la Vision 2050 du Rwanda vise à transformer le pays en nation à revenu élevé, avec une croissance inclusive, une urbanisation maîtrisée et un capital humain renforcé. Elle succède à la Vision 2020, qui avait permis des avancées notables sur la gouvernance, l’éducation et la santé. Le Rwanda est souvent cité comme référence de continuité et de rigueur dans l’exécution.

Le Plan Sénégal Émergent (PSE), bien que centré sur un horizon plus court, repose sur une ambition similaire : structuration de l’économie, amélioration des services publics, industrialisation progressive, Le Sénégal a couplé cette vision à un dispositif de suivi-évaluation rigoureux, avec des revues annuelles de performances

Dans une optique post-crise, la Côte d’Ivoire a formulé une Vision 2040, qui envisage un pays réconcilié, industrialisé, innovant et solidaire. Le gouvernement ivoirien a mis en place un Ministère du Plan et du Développement chargé de coordonner cette vision, avec l’appui d’un système national de statistiques.

Quelles différences avec la Vision Bénin 2060 ?

Contrairement à certains pays qui placent la barre sur le revenu national ou la transformation industrielle, le Bénin opte pour une vision plus holistique et sociétale. Son ambition ? Devenir un pays de paix, de prospérité, de rayonnement culturel et de bonne gouvernance, selon les mots du vice-président de l’Assemblée nationale,
Basile Ahossi.

Le processus participatif revendiqué par le Bénin, avec des consultations menées auprès de la diaspora, des jeunes, des femmes, et des acteurs locaux. Le texte présenté est donc à la fois politique, symbolique (2060 = 100 ans d’indépendance) et inclusif.

Mais la réussite dépendra, comme ailleurs, de la capacité à maintenir le cap sur plusieurs décennies, malgré les changements de gouvernement, les crises économiques ou les chocs sociaux. La question-clé reste donc : le Bénin se dotera-t-il d’un système rigoureux de suivi-évaluation indépendant, à l’instar du Rwanda ou du Sénégal ?

Ce mouvement vers des visions à long terme reflète une maturité croissante des États africains, qui souhaitent anticiper plutôt que subir. Mais pour que ces documents ne restent pas de simples vœux pieux, l’appropriation citoyenne, la volonté politique et la continuité institutionnelle seront essentielles.

En adoptant une loi-cadre contraignante et en impliquant son Parlement dès le début, le Bénin semble avoir tiré les leçons du passé. Reste maintenant à transformer l’ambition en réalité.

Aoulath Osseni

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